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Les origines des cosaques : ethnogenèse d'un peuple méconnu (8e - 15e siècle)

Ilya Repin cosaque cossack zaporogue
Peinture "Les cosaques zaporogues écrivent une lettre au sultan de Turquie" de Ilya Repin (1844–1930). Certainement l'une des oeuvres les plus connues sur les cosaques!

Résumer l'histoire des cosaques en une seule page semble être une gageur  des plus complexes tellement l'historique du cosaque est confus et diffus, parfois même à des fins de propagandes politiques voir dans la quête d'un idéalisme manquant à quelques uns. Aussi, cette courte introduction ne saurait se substituer aux nombreux ouvrages de référence en la matière tellement l'origine exacte des cosaques demeure encore un mystère et de nombreux spécialistes ne semblent pas d'accord entre eux.

 

Le professeur Goudakov estime que les premiers "quzzaq" apparaissent entre le 8e et le 9e siècle autour des bassins fluviaux du Sud de l'actuelle Ukraine et Russie. A cette époque, les varègues (et autres vikings) sillonnaient les mers et les fleuves pour commercialiser (entre autres...) avec de nombreuses peuplades autour de comptoirs commerciaux qui se montent. Certains groupes décidèrent alors de créer de petites principautés sur des croisements commerciaux cruciaux reliant l'Asie centrale à l'Europe de l'Ouest et l'Orient aux fleuves menant vers le Nord de L'Europe. Nous sommes alors aux alentours du 8e et 9e siècle.

 

Au cours de cette même période, les nomades des steppes en nombre dans cette région participent aux échanges commerciaux en provenance de la célèbre route de la soie. Au fur et à mesure, les varègues présents dans cette région adoptent des coutumes des nomades, comme les matériels d'équitation, les techniques même de monte, les vêtements...et se mêlent à la population locale jusqu'à devenir progressivement un nouveau sous-groupe ethnique : Les Quzzaq, futurs cosaques !  Nous parlons alors de "proto-cosaques".

 

Cette mention de "quzzaq" apparait pour la première fois en 1303 dans le codex cumanicus, un dictionnaire en langue coumane  où les premiers cosaques sont décrits comme "étant des sentinelles et des gardiens ayant pour fonction de défendre les terres slaves des  raids des tatares (autrement dit des nomades des steppes).   Elle désigne ethnologiquement un "guerrier sans maître", ou "sans attache", c'est à dire qui n'appartient à aucun empire ni n'est soumis par de quelconques lois. La base de l'esprit légendaire libertaire du cosaque !

 

La naissance des différents groupements cosaques à travers le temps : Un peuple au marge de l'Empire russe de l'Ukraine à l'extrême orient

Cosaque uniforme
Cosaque du Don 1821.

Au fur et à mesure, ce nouveau sous groupe ethnique Installé dans les régions du Sud de l'Ukraine et du Sud Ouest de la Russie fonde  des villes sur les bords des fleuves et grandes rivières, comme le Don, le Kuban, le Terek,  le Yaisk (Ural) sur lesquels ils sillonnent avec leur tchaïka ("la mouette"), petit esquif cosaque) pour commercialiser depuis leur venue (héritage des varègues avec leur knorr, plus connu sous l’appellation populaire de "drakkar").

 

A partir du 15e siècle, leur "renommée" de guerriers libres aux marges des grands empires où le servage est inconnu attirent de plus en plus de serfs russes orthodoxes. C'est à partir de cette époque que les rangs cosaques gonflent de russophones chrétiens et que la langue russe devient peu à peu la langue officielle des cosaques. Les cosaques en tant que sous groupe ethnique deviennent peu à peu une "confrérie" sous forme de milices, c'est là la naissance d'une culture martiale.

 

S'en suit une assimilation progressive au sein de l'Empire russe, jusqu'à l’administration des voïskos (armées cosaques) au sein de l'armée impériale russe et à l'uniformisation radicale des cosaques dans un moule russe, sans pour autant perdre leurs spécificités culturelles et guerrières.

 

Les spécificités de la culture cosaque : Dieu, le Cercle et les Libertés !

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Cosaques d'Orenburg 18e siècle

La pensée du peuple cosaque et son mode de vie repose sur 3 points fondateurs:

 

-La croyance en un Dieu unique.

-La gestion politique par le cercle (Kroug en russe, lointain héritage du Kurultaï nomade et du things des vikings)

-La défense des libertés (Volia)

 

L'origine de la pensée cosaque en matière religieuse est difficile à définir historiquement parlant. Les premiers cosaques sont tantôt décrits comme des animistes, tantôt comme de fervents chrétiens, tandis que de nombres autres sources attestent de l'origine musulmane des premiers noms de famille des cosaques.

 

Notons qu'il existait jusqu'au début du 19e siècle des "kharakterniks" (principalement en Ukraine), des cosaques shamans qui faisaient office de religieux dans  les communautés. Ceux ci ont été chassé au cours de leur histoire par  l'église orthodoxe jusqu'à disparation officielle totale fin 19..  Quoiqu'il en soit, il fallait à partir du 15e siècle pour gagner les cosaques prêter serment en reconnaissant Dieu comme étant unique, en acceptant le fonctionnement politique de la communauté et en étant capable de défendre par les armes les libertés.

 

Un sous groupe ethnique particulier  (1812 - 1917) : Les bashkirs-cosaques au sein de l'Empire Tsariste

cosaque bashkir uniforme tradition
Baskhir-cosaque avec uniforme "cosaquo-bashkir" modèle 1829.

Au fur et à mesure de l'extension territoriale de l'Empire russe faite par les Cosaques de la Sibérie à l'extrême orient, de nombreuses ethnies sont "assimilées" à celui-ci. Devenant des "sujets de l'Empire", elles sont très vite soumises au même régime que les autres citoyens, c'est à dire devant payer des impôts et s'enrôler dans l'armée en cas de nécessité.

 

Les Bashkirs font exception à cette règle : De toutes les rebellions, ils n'acceptèrent jamais de se soumettre, et allèrent jusqu'à proposer d'eux-même de former des régiments commander uniquement par leurs "chevaliers "("batyr" littéralement "héros" ou "brave") lors des réquisitions de soldats pour l'Empire, ce que l'Empereur accepta. Ainsi naquirent les régiments irréguliers de bashkirs dans l'armée impériale russe. Pour autant, beaucoup de familles très pauvres faisaient le choix d'envoyer leurs ainés ches les cosaques (De l'Oural à l'époque...et par la suite d'Orenburg) pour assurer un avenir notamment financier à tous...

 

Au 19e siècle, Napoléon fait sa campagne de Russie, qu'il perdra :" Donnez moi 20 000 cosaques, et je conquière l'Europe et le reste du monde" dit il à la suite de sa défaite face aux troupes impériales russes. Deux ethnies s'étaient particulièrement illustré notamment en 1812 : Les Cosaques, et les Bashkirs. Fort de cette reconnaissance, l'Empereur couvre de gloire ces peuplades et leurs régiments constitués, et offre même des grades dans l'armée impériale russe aux batyrs bashkirs (comme ce fut le cas pour l'arrière-grand-père de l'arrière grand père du fondateur de l'Ecole Ichmoukametoff). Les régiments irréguliers de bashkirs deviennent alors peu à peu des régiments de bashkirs-cosaques. Dès lors, ces nouveaux officiers accèdent aux formations des écoles impériales, et aux doctrines cosaques en matière de guerre. Cependant, beaucoup des aspects culturels des bashkirs demeurèrent : un des plus atypiques, est qu'ils purent conserver des imams (les bashkirs sont musulmans!) au sein de leurs unités, à l'image des aumôniers dans l'armée actuellement. Ils devaient prendre le baptême orthodoxe en école militaire (obligation cosaques et impériale...), mais préservaient leur croyance et leur culte au quotidien. Ainsi, un nouveau sous-groupe ethnique se créé peu à peu  sur une centaine d'année: les Bashkirs-cosaques! Il ne reste à l'heure actuelle que quelque 150 descendants de ce sous groupe particulier, entre cultures bashkirs et cosaques.

 

Petit à petit , l'assimilation se faisant de plus en plus forte, ces régiments de bashkirs-cosaques sont dissous pour être intégré aux cosaques d'Orenburg pour former l'une des plus grandes armées cosaques de la région. Cette armée avait pour but de sécuriser principalement le Sud de la Russie des incursions nomades et des pillages liées, mais elles avaient également pour vocation de repousser les limites de l'Empire et de sécuriser les routes commerciales du Sud, dont Moscou avait grand besoin.

 

 

BIBLIOGRAPHIE sur les Cosaques en français

 

 

 

Caucasiens, cosaques et empires, de Vladimir Goudakov

 

Editions L'Harmattan (juin 2009)

 

ISBN 229609502X

 

 

 

Les Cosaques, de Iaroslav Lebedynsky

 

Editions Errance (mars 2004)

 

ISBN 2877722724

 

 

 

Cosaques, Ramseier Mikhaïl

 

Editions Némo (Juillet 2009)

 

ISBN 2940038392

 

 

 

Les cosaques, de Longworth Philip

 

Editions Albin michel (janvier 1972)

 

ISBN 2908854295

 

 

 

Les Cosaques, de Yves Breheret

 

Editions Balland (janvier 1972)

 

ISBN 9782253009894